Le patrimoine naturel et historique 

 

Le patrimoine historique 

 

L’approche du patrimoine historique aujourd’hui identifié dans notre espace protégé s'articule autour de grandes phases chronologiques de la préhistoire et de l’histoire.

 

A l’intérieur du périmètre de la Réserve naturelle, il est essentiellement lié aux vestiges de l’antiquité (épaves, carrières…), aux témoins du monachisme et du pastoralisme sur les îles Lavezzi, et aux monuments commémorant le naufrage de la Sémillante. La prise en compte des territoires proches de la Réserve naturelle permet d’élargir à d’autres éléments du patrimoine historique et culturel de l’extrême sud de la Corse (sites archéologiques littoraux, implantations antiques, tours génoises, cité de Bonifacio…).


Le gisement de Lavezzi, dont la fouille en 1974 révélait la présence d’une occupation humaine dès le néolithique final, s’avère particulièrement intéressant par la relative préservation du site, la présence d’une stratigraphie en place, la qualité de l’outillage lithique découvert dans deux couches et la présence d’un intéressant matériel de l’âge de fer.

 

La période antique

En ce qui concerne la période antique, on sait que les grecs ont commercé dans les Bouches de Bonifacio dès le VIème siècle avant notre ère. Les romains y ont fondé l’Oppidum Palla sur le site l’actuel de Campu Rumanellu et Syracusanus Portus à l’emplacement de la ville et de la citadelle actuelle (CRDP, 1982). A cette époque, les Bouches de Bonifacio ne sont pas un simple couloir de navigation, les côtes ménageant des possibilités d'abris et d'implantation permanente, avantage particulièrement déterminant dans l'Antiquité romaine.

Deux vestiges de l’époque impériale situés à proximité ou dans le périmètre de la Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio sont encore visibles, l'un sur le littoral, au lieu dit Piantarella (relais de navigation et site d’extraction de fer), l'autre sur l'île de Cavallu (carrière de granit de San Baïnzu).

L’exploitation de la carrière de granit de San Baïnzu a été reprise en 1872 lors de la construction du phare des Lavezzi, anéantissant une grande partie des traces de son passé romain. Aujourd’hui, l’îlot est un site classé et interdit au débarquement.

Sur l’île Lavezzu, en plusieurs endroits, des vestiges (ébauche de colonne…) d’une modeste activité extractive sont encore visibles.

Une partie du patrimoine historique de la Réserve naturelle repose en profondeur. Une trentaine d’épaves romaines ont été recensées dans les eaux de la Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio.

La faible profondeur ainsi que les prélèvements sauvages ont provoqué la quasi-disparition de certaines épaves, qui ne sont plus que des «tessoniers » mais d’autres plus profondes ont été relativement bien préservées.

 

La présence monastique

La présence monastique dans le détroit de Bonifacio est en particulier marquée par la présence de la chapelle Santa Maria au centre de l’île Lavezzu. Elle est entourée d’un certain nombre de constructions (maison monastique voisine, grottes murées) et de jardins (constructions en terrasse, puits, citernes…). Seuls les murs, appuyés contre de gros blocs ont été conservés. La chapelle aurait été construite entre le VI et VIIIème siècle. La vie de cette communauté monastique était probablement rythmée par les prières et les activités pastorales, mais également par les services maritimes qu’ils rendaient. Entretenant des feux, ils furent les premiers « gardiens de phare » des îles Lavezzi. A la Cala della Chiesa, au nord de l’île, les visiteurs pouvaient ainsi s’avitailler avec du lait, des fromages ou du poisson, mais également la possibilité de réparer des bateaux (Morrachini-Mazel et al., in Maccioco, 1997).

D’autres lieux d’implantation des «monachie» primitifs du sud de la Corse, existaient à proximité, San Lorenzo à la Pointe de Monaco (massif de Cagna), Sant’Antonio sur le promontoire de Bonifacio et la Trinité de Bonifacio (Morrachini-Mazel et al., in Maccioco, 1997).

 

L’occupation génoise

Les tours littorales situées sur le rivage de la Réserve Naturelle (Olmetu, Figari, Sponsaglia et Santa Manza) sont parmi les dernières qui ont été construites en Corse. La dernière tour génoise de Corse, celle de Santa Manza (ou Capicciolu), fut achevée en 1620.
D’autres bâtiments de valeurs (parmi lesquels beaucoup sont inscrits ou classés) témoignent de la présence génoise sur les rives du détroit. La plupart d’entre eux (églises, bâtiments administratifs et militaires, habitations…) se trouve dans l’enceinte de la citadelle de Bonifacio.
Fondée en 833 par le comte Boniface, cette cité restera sous domination pisane de 950 à 1187 avant de demeurer génoise pendant près de six siècles jusqu’en 1768.

 

Un patrimoine rural

Des bâtiments plus récents témoignent de la vie rurale ou maritime de ce territoire.

La bergerie des Lavezzi est située à proximité de la chapelle Santa Maria, à l’abri du vent d’ouest. Sa reconstruction (surélévation et toiture) fut réalisée par le Parc Naturel Régional de la Corse en 1982. Aménagée par l’Office de l’Environnement de la Corse, gestionnaire du site, elle permet depuis 2011 l’accueil du public découvrant l’île Lavezzu.

L’ancien abattoir de Campu Rumanellu, implanté à l’écart de la ville de Bonifacio, au bord des falaises, domine le détroit. Accessible par un des sentiers empierrés qui donnait accès au piale, restauré par le Conservatoire du littoral, il constitue un élément intéressant pour découvrir la Réserve naturelle et son environnement. Ouvert en été, il accueille une exposition présentant la réserve et le Conservatoire du littoral.

 

Les épaves contemporaines

Témoins de la dangerosité du secteur, de nombreuses épaves récentes reposent au fond des Bouches de Bonifacio. A proximité de la baie de la Rondinara, une épave de la première moitié du XVIIème siècle a livré des objets en céramique dont une grande partie est maintenant exposée au musée de Sartène.

Parmi les 175 naufrages contemporains recensés en Corse, 35 ont eu lieu dans les Bouches de Bonifacio. La plupart des sinistres consistent en échouements sur de nombreux écueils, îlots, îles de la région de Porto-Vecchio aux Moines en passant l’archipel des Lavezzi.

A proximité des îlots des Moines, les vestiges du Tasmania (fin XIXème), de retour des Indes pour l’Angleterre, témoignent du caractère dangereux pour la navigation de ce site à l’ouest des Bouches de Bonifacio. Dix ans après, une tour sera érigée sur le sec responsable du naufrage afin de guider les navires sur la partie ouest des Bouches.

Sur les îles Lavezzi, deux cimetières militaires et une stèle témoignent d’un évènement qui s’inscrit dans la longue histoire des drames maritimes survenus dans les Bouches, le naufrage de la Sémillante.
Le 15 février 1855, au cours d’une tempête violente sans être exceptionnelle, la frégate « La Sémillante », partie de Toulon à destination du front de Crimée, sombrait sur un îlot situé au sud-ouest de l’île Lavezzu, engloutissant ses 750 membres d’équipage. La plus grande catastrophe maritime du XIXème siècle fut immortalisée par Alfonse Daudet dans les « Lettres de mon moulin ». Les monuments érigés en sa commémoration sont classés comme nécropoles nationales et ont fait récemment l’objet de travaux de rénovation. Sous l’eau, les vestiges de l’épave ne recèlent pratiquement plus que quelques pièces de métal. Le site reste toujours interdit à la plongée au titre de la protection du patrimoine historique et en raison de sa position au sein de la Zone de Non Prélèvement de l’archipel des Lavezzi.

 

Le Phare des Lavezzi

La construction du Phare des Lavezzi, décidée par les autorités maritimes françaises à la suite du naufrage de la Sémillante a été réalisée entre 1872 et 1874, à l’emplacement d’une ancienne carrière romaine (Clavel, 1924). Les bâtiments du phare et son annexe, furent étendus en 1952. Cette extension est actuellement occupée par le gestionnaire de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio.

Avec l’automatisation des feux, la longue histoire des gardiens de phare des Lavezzi prit fin en 1985. Témoins de la vie des Lavezzi au XXème siècle les derniers gardiens ont assisté à la création de la Réserve naturelle des îles Lavezzi en 1982.
 

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