Unités écologiques

Le patrimoine naturel et historique 

 

Les unités écologiques 

 

Sur la base des écosystèmes, des biocénoses ou des habitats présents dans le périmètre de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, celle-ci peut être découpée en 16 unités écologiques.

 

L’unité écologique de pleine eau comprend les eaux néritiques et littorales dont la profondeur dépasse 5 mètres. Dans cette unité se rencontre notamment des espèces pélagiques comme le grand dauphin Tursiops truncatus, la tortue marine Caretta caretta, ou le thon Thunnis thynnis. C’est ici que s’alimentent la plupart des oiseaux marins nicheurs de la réserve comme le puffin cendré Calonectris diomedea, le cormoran huppé Phalacrocorax aristotelis ou le goéland d’audouin Larus audouinii.

 

L’unité Fonds détritiques sableux et sablo-vaseux rassemble l’ensemble des communautés des fonds du détritique, des sables grossiers et des graviers sous l’influence des courants de fonds.

 

L’unité des chaos rocheux sous-marins regroupe les habitats du coralligène, les biocénoses des roches médiolittorales, des algues photophiles et des grottes semi-obscures et obscures. Dans cette unité se concentre un grand nombre d’espèces à forte valeur patrimoniale et halieutique comme la langouste Palinurus elephas, l’araignée Maja squinado, les mérous Epinephelus marginatus et le corb Sciaena umbra. La faune fixée y est également largement représentée avec les faciès à gorgones Paramuricea clavata et Eunicella sp. Les associations à Cystoseira sp et les herbiers à Posidonia oceanica sur roche sont aussi des éléments essentiels de cette unité.

 

Les grands herbiers à phanérogames sont principalement composés d’herbiers à Posidonia oceanica. Habitat prioritaire de la directive Habitat, il est particulièrement fréquent et étendu dans le périmètre de la Réserve naturelle.

 

L’unité Grandes criques et baies peu profondes (sable et herbiers) regroupe l’ensemble des habitats présents dans les criques et les baies. Les biocénoses des sables fins ou vaseux de mode calme et les herbiers de fond de golfe, notamment les herbiers à Cymodocea nodosa, en sont les représentants principaux. C’est en grande partie dans cette unité que devront être maîtrisés la fréquentation nautique et ses impacts (mouillage, rejets..).

 

La zone intertidale rocheuse concerne l’ensemble du linéaire côtier de la RNBB (longueur égale à 203,7 km) à l’exception des zones sableuses et des plages de graviers. Il réunit la plupart des habitats, des biocénoses et des espèces remarquables des zones médiolittorales et infralittorales de méditerranée. Les espèces présentes sont dépendantes de l’hydrodynamisme et particulièrement sensibles aux pollutions d’origines anthropiques, nous citerons notamment les trottoirs de Lithophyllum lichenoides, les populations de Patella ferruginea, et les ceintures d’algues Cystoseira sp.

 

Les grottes littorales, dont les plus connues sont celles de Sdragonato et de Cala Sciumara sont des habitats intéressants pour les chiroptères fréquentant le littoral du sud de la Corse.

 

 

 

Les lagunes, habitats prioritaires au titre de la directive européenne « Habitat », sont présentes sur la façade occidentale de la RNBB (Ventilegne, Pisciu Cane, Testarella) et classées en zone de protection renforcée. Les biocénoses lagunaires eurythermes et euryhalines, les fourrés halophiles et les jonchaies en constituent les habitats les plus caractéristiques. Elles abritent des espèces phares comme Sacocornia sp, Halimione portulacoïdes, Juncus maritimus et un poisson endémique à la Corse Aphanius fasciatus. Les tortues cistudes Emys orbicularis peuvent également être présentes dans ces milieux.

 

Les plages de sable et de galets rassemblent six habitats décrits dans le cahier des habitats et neuf faciès et communautés de la nomenclature Eunis. Cette unité regroupe notamment les plages de galets et de sables de la Réserve naturelle, les faciès des laisses de posidonies, les dunes embryonnaires et les hauts de plages représentant un linéaire côtier de 23,8 km. On y rencontre des espèces végétales comme le Otanthus maritimus, Pancratium maritimum, Salsola kali, Cakile maritima, Elymus farctus, Euphorbia peplis. Elle constitue un lieu de reproduction potentiel pour la tortue caouanne (Caretta caretta) dont des œufs à maturité ont récemment été observés (fin de l’été 2002, plage de Palombaggia-côte orientale). Zones d’attraction prioritaire pour le tourisme balnéaire, ces milieux nécessitent des stratégies de protection et de gestion adaptées.

 

L’unité écologique dune regroupe l’ensemble des milieux dunaires, abritant notamment les fourrés à Genévriers sur dunes, les dunes mobiles à Ammophila arenaria méditerranéennes et les dunes fixées du littoral méditerranéen du Crucianellion maritima. De nombreuses espèces végétales endémiques et/ou protégées (Armeria pugens, Crucianella maritima, Euphorbia peplis) sont présentes dans cette unité fonctionnelle extrêmement fragile et nécessitant une attention particulière du gestionnaire notamment sur Piana (archipel des Lavezzi) et Lavezzu.

 

Les végétations des marais saumâtres et des bordures des lagunes ont été regroupées dans l’unité végétation des marais saumâtres. Celle-ci est composée des près-salés méditerranéens des bas niveaux avec notamment les marais salés méditerranéens à Juncus maritimus et Juncus acutus, les roselières méditerranéennes à Juncus subulatus et les étages inférieurs des marais salés à Halimione portulacoides. Les végétations pionnières à Salicornia, Suaeda et Salsola des marais salés constituent le deuxième habitat de cette unité. Sur les bordures de lagunes de Testarella, Ventilegne et Pisciu Cane, cette unité est localisée dans la zone de contact entre les lagunes situées en zone de protection renforcée et l’extérieur de la réserve ouverte aux activités cynégétiques.

 

Les végétations halo-nitrophiles sont surtout localisées sur les îlots. C’est dans cette unité que l’on dénombre une grande partie des populations de l’endémique corso-sarde Silene velutina, espèce protégée et prioritaire de l’annexe 2 de la Directive. Les fortes densités en oiseaux marins (reposoirs, nids…) rencontrées dans cette unité peuvent être à l’origine d’interactions négatives entre les oiseaux marins et la végétation. Des contrôles (dénombrement, cartographie…) réguliers doivent permettre de suivre et d’évaluer d’éventuels impacts sur les raretés floristiques de la réserve.

 

Les pelouses présentes sur Lavezzu résultent de l’utilisation pastorale passée de cette île. Elles constituent une unité à forte diversité floristique, mais les suivis cartographiques réalisés depuis 1982 mettent en évidence un embroussaillement lié à l’abandon des activités pastorales traditionnelles à la fin des années 1990. Entre mai et septembre, ces pelouses peuvent subir un piétinement important de la part des visiteurs. Elles doivent donc faire l’objet de suivis scientifiques pluridisciplinaires permettant d’orienter la gestion vers des modes pertinents alliant les intérêts de la conservation de la flore et de la faune avec les contraintes de l’accueil du public.

 

Les garrigues côtières à Helichrysum sont localisées sur les îlots de la RNBB. Elles peuvent y être considérées comme stables. Sur l’île Lavezzu, elles regroupent l’association phytosociologique « Thymeleo-Helichrysitum » colonisant les pelouses qui ne sont plus pâturées. Le suivi cartographique sous SIG permet de distinguer les garrigues littorales primaires, les garrigues côtières à Helichrysum et les garrigues à Thymelea.

 

L’unité matorral dense et formations arbustives est située en limite supérieure de l’unité précédente. Elle regroupe le matorral arborescent à olivier sauvage, à lentisque et à myrte, la fruticée à Calicotome, les formations à Euphorbia dendroïdes et les maquis à Cistus sp. et à Lavandula stoechas. Cette unité est particulièrement représentée sur les îles de l’archipel des Cerbicale et sur la presqu’île des Bruzzi.

 

Les chaos rocheux et falaises terrestres constituent la dernière unité écologique de notre classification. Présente sur l’ensemble des parties terrestres et insulaires de la Réserve naturelle, elle est caractérisée dans les îles Lavezzi par les chaos abritant les populations de puffins cendrés (Calonectris diomedea) et dans les îles Cerbicale par les falaises à Juniperus phoenicea. Habitats importants de cette unité, les peuplements rupicoles des falaises cristallines et calcaires abritent de nombreuses plantes (Asplenium maritimum, Asplenium obovatum, Nananthea perpusilla, Silene velutina…), mais également des populations de reptiles (Phyllodactylus europeaus, Podarcis tiliguerta, Lacerta bedriaga).
 

Cet article provient du site de Espaces protégés Extrême Sud
http://pmi.oec.fr/index.php